Il y a 1 an, l’Équipe de France s’inclinait pour la deuxième fois de son histoire en finale de Coupe du Monde. Les deux fois, ce sont les pénaltys qui ont privé les Français d’une nouvelle étoile sur le maillot. Souvent source d’anxiété pour les joueurs, ce tir se situant à 11 mètres de la ligne de but a régulièrement changé le cours de l’histoire du football.
Certains y voient le hasard et la chance, d’autres considèrent cette ultime épreuve comme un art technique et psychologique. Depuis l’instauration de la VAR, les pénaltys sont devenus un moment majeur dans un match. Alors, existe-t-il un moyen de maximiser ses chances ?
« Les pénaltys… on ne va pas épiloguer là-dessus, c’est la loterie ». Vraiment ? Le mercredi 1er mars 2022, alors que son club venait de se faire sortir par une équipe de division inférieure aux pénaltys, le capitaine de l’OM, Valentin Rongier, déclarait que cette étape cruciale d’un match n’était que le fruit du hasard.
Depuis quelques temps, il semblerait que les joueurs aient trouvé l’excuse : après tout, rien ne sert d’y croire si les pénaltys ne sont, en puissance, que l’expression des Dieux du foot. Mais est-ce vraiment le cas ? N’y aurait-il pas une faille dans la matrice pour réussir à tous les coups son tir ?
La data s’est emparée du football depuis une dizaine d’années et le recul des statistiques permet désormais d’établir des premières conclusions sur le caractère hasardeux ou non des pénaltys.
Les pénaltys, une affaire de gauchers ?
Il est de ces légendes qui ne tarissent pas : les gauchers seraient de meilleurs footballeurs que les droitiers. L’adage contemporain pourrait même prendre tout son sens en analysant la part de réussite des gauchers dans l’exercice. L’actuelle saison 2023-2024 montre en effet qu’un certain pied semble plus enclin à mettre le ballon au fond des filets.
Depuis 2018, près de 826 pénaltys ont été tirés par des personnes gauchères en cumulant les 5 grands championnats. Sur ces quelques 800 coups de pieds, 80,9% d’entre-eux sont rentrés dans les cages. A contrario, les droitiers semblent légèrement moins efficaces sur cet exercice puisque 79,1% des tirs de droitiers ont été synonymes de but. Néanmoins, se pose légitimement la question de la taille de l’échantillon puisque les droitiers tirent beaucoup plus que les gauchers (2494 pénaltys de droitiers).
Il n’en reste pas moins que la tendance tourne à l’avantage des personnes ayant le même pied fort que Lionel Messi. Si l’écart reste assez marginal, il faudrait trouver d’autres raisons pour évoquer la réussite lors d’un pénalty. Le caractère psychologique peut-être ?
Pour les gardiens, rentrer dans l’esprit du frappeur
Sa performance exceptionnelle n’aura pas permis à son équipe de décrocher la qualification mais pourtant lors de cette séance de pénaltys, Brice Samba semblait habité. Le 7 janvier dernier, après 90 minutes et un 2-2, le RC Lens et l’AS Monaco se sont confrontés à la célèbre séance de tirs aux buts. En coupe de France, les prolongations ont été supprimées et le sort du match se joue désormais directement après la fin du temps règlementaire. Ce soir d’hiver, Brice Samba semble avoir utilisé un élément très important pour arrêter un certain nombre de tirs : la psychologie.
Ce n’est pas nouveau, les gardiens qui testent les joueurs pour les intimider avant de frapper est vieux comme le monde. Néanmoins, il y a une dizaine de jours, Brice Samba est allé encore plus loin. Du départ, où il donne le ballon au tireur, jusqu’à l’arrivée, caractérisée par le tir effectif, Brice Samba n’a jamais lâché du regard son adversaire. Une tactique qui permet au gardien lensois de rentrer dans la tête du joueur en face de lui. Ce dernier se sent alors désoeuvré face au regard insistant de la personne qui s’oppose à son chemin. Dans cette séance de tirs au but, le portier passé par Nottingham Forrest a stoppé trois tirs. Cette prestation d’ampleur n’a pas permis à son équipe d’accéder aux seizièmes de finale de Coupe de France mais Bollaert a vibré pendant de longues minutes.
Le paramètre psychologique est évidemment important, au même titre que la zone de tir.
La zone de tir, une zone à défendre
En réalité, l’aspect le plus important pour un pénalty est sans doute la zone choisie par le frappeur pour battre le gardien. Panenka, petit filet ou lucarne, que choisir ? Est-ce que toutes les techniques se valent ? La réponse se trouve sans doute dans la question. Les zones de tir sont essentielles dans ce processus du pénalty. D’ailleurs des tendances claires existent dans les 5 grands championnats. En effet, les côtés sont choisis dans 66% des cas. 2 pénaltys sur 3 seraient donc des coups de pied près du petit filet si l’on en croit les statistiques offertes par le journal l’Équipe. Néanmoins, le pourcentage de réussite dans ces deux zones respectives est plus faible que les zones proches de la lucarne. Logique, en somme. Mais il n’en reste pas moins que l’exercice est difficile. Depuis la saison 2018/2019, 5,3% des pénaltys dans les 5 grands championnats ont été tirés dans la zone de la lucarne droite. Dans 99,4% des cas, ce tir s’est transformé en but.
De fait, la clé de la réussite semble ici : avoir d’une certaine manière le cran d’oser tirer dans les endroits les plus vulnérables pour un gardien. Si facile à dire, si compliqué à réaliser. Il semblerait que le pénalty ne soit donc qu’un ensemble de paramètres à prendre en compte, tous plus importants les uns que les autres.
Pour autant, pouvons-nous encore nous en remettre aux Dieux du foot ou implorer la loterie lorsqu’un joueur est mis en échec dans cet exercice ? Sans doute que Neymar Jr, Bruno Fernandes, Cristiano Ronaldo ou encore Rickie Lambert ne sont pas de cet avis-là.
Encore un article finement analysé !!!!! vivement le prochain 👍